jeudi 20 février 2025

Texte 4

 Couleur : gris

Consigne : personnage ayant du pouvoir pour contrecarrer les projets de Sylvie.


- Alors Julien, que penses-tu de ton boulot dans les serres ?

- Très chouette !  Je te remercie. J’apprends beaucoup de choses. L’équipe et le chef sont formidables.

- Je suis contente que ce stage un peu forcé te plaise.

- J’ai été surpris par les qualités pédagogiques de presque tout ton personnel.

- Que veux-tu dire ?

- Qu’ils ont l’art de partager clairement et volontiers leurs connaissances !

- Je sais que j’ai une bonne équipe mais je ne savais pas à quel point…

- C’est dommage de ne pas en faire profiter plus de gens…


De retour au bureau, Sylvie réfléchit à la conversation qu’elle vient d’avoir avec son fils.  En faire profiter plus de gens, l’idée n’est pas mauvaise à condition que cela ne perturbe pas la production habituelle. Engager des stagiaires ? C’est augmenter encore les frais généraux ! La formation de ces stagiaires ne doit pas obérer l’entreprise… Comment faire, quelle solution trouver ? Oh, je vais parler de l’idée de Julien au proviseur de l’Institut d’Horticulture d’Ivry la prochaine fois qu’il viendra chercher son bouquet hebdomadaire. Ces stages en conditions réelles seraient une bonne expérience pour ses élèves, incontestablement un plus…


- J’ai rencontré au golf le proviseur de l’IHI. Il m’a parlé avec beaucoup d’enthousiasme de ton projet.

- Oh mon chéri, c’est vrai ?

- Sylvie, Sylvie ! Ne t’emballe pas trop vite…

- Je vais tout de suite voir avec le responsable des serres comment nous allons nous organiser…

- Sylvie ! Rien n’est fait ! Ce n’est pas si simple ! Le proviseur doit obtenir l’accord de sa commission pédagogique puis il doit encore soumettre le projet budgétisé au ministère de l’Éducation Nationale.

- Mais cela va prendre un temps fou !

- Sans compter que tes serristes n’ont pas une formation de pédagogues...

- Bref, c’est une utopie si je te comprends bien ?

- Je le crains mais tu peux toujours rêver…

- On va voir ce qu’on va voir !


Un soir, sa journée terminée, Julien traverse le bureau de Sylvie et aperçoit sur la table Knoll le petit miroir clinquant de sa mère dont elle a souvent parlé...

- Il est vrai que tu es beau, s’exclame-t-il en l’apercevant ! J’ai même entendu dire que tu étais parfois de bon conseil. Qu’en penses-tu toi qui est toujours le reflet de ses innombrables intentions ? Avec le pouvoir magique qu’elle t’attribue, tu pourrais peut-être m’éclairer. Je sais qu’une partie de cette nouvelle lubie vient de moi, mais toi, son beau miroir qu’elle apprécie tant, comment pourrions-nous la freiner un peu dans son élan ? Qu’elle revienne les pieds sur terre, voilà ce qui amènerait un peu plus de quiétude dans la maisonnée...


Un dimanche midi, quelques semaines plus tard, le traditionnel poulet-compote-frites a fait son office et la bonne achève de desservir la table avant de revenir avec la toute aussi traditionnelle salade de fruits dominicale…

Après s’être échangés les nouvelles de la semaine, l’heure du café voit aborder le sujet brûlant qui préoccupe la petite famille…

Le père ouvre le débat :

- J’ai revu le proviseur au Club…

- Alors ? Il me semble que ce fonctionnaire n’avance pas vite dans ses démarches !

- Sylvie, les administrations de l’État ont leur rythme propre, c’est inéluctable. Crois-en mon expérience !

- Maman quand elle souhaite quelque chose, elle l’exige tout de suite !

- Julien occupe-toi de ce qui te regarde !

- Ton fils a vingt ans. Ce qui nous regarde le regarde également…

- La solidarité des hommes ! Mon entreprise ne concerne que moi ! Tu as encore quelque chose à ajouter, Julien ?

- Non ! Mais puisque rien ne me regarde, puis-je quitter la table ?

- Julien, tu restes assis ! Ici personne ne dicte sa loi. Nous sommes trois et avons tous le même droit à la parole…


*

672 mots.

6 commentaires:

  1. Bonjour Michel,

    Je saute dans le bus avec un peu de retard !

    J’ai fait la connaissance de Julien, 20 ans addicte aux jeux vidéo et à la vitesse à moto dont plusieurs de ces engins ont déjà été envoyées à la casse. Mais après un accident dont il se remettra grâce à un kiné, devenu son ami, qui l’envoie faire du sport, il se rendra utile dans la société de sa maman Sylvie.

    Sylvie, cheffe d’entreprise, est emballée par l’idée de Julien qui exprime le concept de faire profiter des jeunes de l’expérience du personnel qualifié de ses serres. Et le père contacte l’IHI qui semble intéressé mais ne répond pas très vite à la proposition de Sylvie. Devant l’impatience de Sylvie, le père ne peut s’empêcher de répondre : « l’état à ses rythmes propres ». Euh, oui en effet, ce genre de mise en place d’un cycle de formation qualifiante ne se fait pas en deux coups de cuillères à pot !

    L’entreprise de Sylvie a-t-elle un intérêt à former des jeunes ? La formation a un coût non négligeable même avec la participation éventuelle de l’IHI. Mais peut-être que Sylvie cherche désespérément du personnel. Sinon, ou est l’intérêt pour une société commerciale ?
    Le dernier dialogue ne me semble pas très cohérent : « Julien, occupe-toi de ce qui te regarde » et 3 lignes plus loin : « …ici personne ne dicte sa loi, nous somme trois et nous avons tous le même droit à la parole » !
    Chère Michel, je te souhaite une bonne continuation dans l’écriture de ta nouvelle et suis curieux d’en lire la suite.
    Bravo. Christian

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  2. Bonjour Michel,
    Sylvie continue à s'enthousiasmer indécrottablement pour un rien.
    Le père reprend sa place de leader et n'hésite pas à prendre la défense de son fils, bien vu.
    Oui, c'est un couple banal avec ses incohérences comme tous les couples.
    Comment, l'encore jeunot Julien va-t-il prendre sa place d'adulte à côté de sa mère ?
    Bien à toi,
    Jan.

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  3. Bonjour Michel,
    Il me semble que la situation devient de plus en plus tendue dans la famille.
    Comment Sylvie va-t-elle apaiser la situation ? Mais le veut-elle vraiment ? Va-t-elle mettre un frein à son enthousiasme et à ses projets ?
    Tu abordes intelligemment la problématique des petits indépendants désireux de partager leurs connaissances mais confrontés aux frais de personnel.
    Le passage pendant lequel Julien s'intéresse au miroir mériterait, eje pense, un peu de développement car tel quel il ma semble manquer de naturel (mais sans doute que d'autres ne ressentiront pas la même chose).
    Je suis curieux de voir oµ tu vas nous conduire.
    Amitiés,
    José

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  4. Bonjour Michel,
    Ambiance tendue dans la famille ! Avec les incohérences de comportement et de propos propres aux situations de tension plus ou moins larvée. Sylvie n'est pas sortie des flûtes ! Encore que je ne comprends pas bien l'intérêt pour son entreprise d'avoir une section "formation". Je rejoins le commentaire de José concernant le dialogue avec le miroir. Quant au "comment": comment Sylvie va-t-elle orienter ses décisions: avec ou sans l'avis de sa famille, de ses proches ?
    Curieuse de lire la suite. Amicalement .Andrée

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  5. Bonjour, Michel….
    Oh la! Ça fuse dans tous les sens dans cette famille!
    La mère veut aller de l’avant dans son projet d’engager des aides pour son entreprise, mais le mari (plus réaliste et conscient des problèmes que cela va susciter) tempère ses emballements. Quant au fils, lui, il se fait sèchement rabrouer! Et on comprend fort bien qu’il tourne le dos à
    la discussion!
    C’est lui pourtant qui s’est déjà hasardé à consulter l’avis illusoire d’un étrange miroir.! Curieux, de la part d’un jeune, ´bien ancré dans la
    technologie moderne!
    Qui va l’emporter dans ce foyer? Comment leur choix va-t-il évoluer?
    Tu le sais, toi, Michel?
    Belle inspiration, à venir….!
    Amicalement,
    Micheline

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  6. Bonjour Michel,

    Un texte qui reflète avec beaucoup de naturel l’ambiance d’une famille ordinaire où les rapports ne sont pas toujours exempts de contradictions, j’en conviens avec tes lecteurs. Mais tout de même, je trouve que cela fait beaucoup :
    - En fait l’idée vient de Julien qui à la fin semble prendre ses distances.
    - Le père intervient pour favoriser le projet, mais le considère comme condamné d’avance, bien qu’il dise que le proviseur l’a accueilli « avec beaucoup d’enthousiasme. »
    Quant à Sylvie, fonceuse, impatiente, même si la perspective est séduisante, elle devrait prendre conscience du fait et les complications administratives sont longues et fastidieuses. Même si on a envie de la voir heureuse en développant son projet, on ne peut s’empêcher de se demander avec Christian quelles seront les retombées concrètes sur la santé financière de son entreprise.
    Contrairement à José et à Andrée, je ne suis pas dérangée par le passage où Julien s’adresse au miroir. Il y a dans ce qu’il dit une désinvolture teintée cependant d’une envie d’y croire qui, à mon avis, correspond tout à fait à la manière dont un ado peut vivre cet engouement de sa mère pour le miroir.
    Dans ton prochain texte sous le signe du jaune, un oubli qui aura des conséquences importantes va compliquer les démarches de Sylvie pour redresser son entreprise.
    Bon travail,
    Liliane

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Texte final

  SYLVIE PARMI LES FLEURS Prologue Sylvie, jolie brunette de quarante-huit ans, s’adresse à son amie Aurore. - Ma chérie, tu sai...