Couleur : jaune.
Consigne : nouvelle épreuve et oubli.
- Je ne suis pas du tout d’accord avec vous !
- C’est moi qui décide de la bonne marche de l’entreprise et vous, votre responsabilité est limitée à la gestion quotidienne !
- Croyez bien Madame que je sais rester à ma place mais il y a des règles comptables que la législation nous oblige à respecter…
Sylvie et son comptable traversent la plus grande serre, celle qui est consacrée aux fleurs annuelles et printanières. Dans cet endroit bien orienté vers le soleil s’épanouissent entre autre de merveilleux narcisses et jonquilles. La discussion relativement véhémente, comme à l’accoutumée, avec son directeur du service financier et comptabilité porte sur un problème d’amortissement que Sylvie souhaite voir réglé au plus vite.
L’impatience, voilà un défaut que Sylvie prend pour une qualité, chose que son entourage a souvent peine à comprendre...
Seule Aurore, son amie de longue date, semble parvenir à s’en accommoder et réussir à tempérer les velléités de Sylvie.
- Sylvie ma chérie, encore une fois, tu es trop pressée. Je suis certaine, par exemple, que le proviseur fait ce qu’il peut, à l’impossible nul n’est tenu, pour que les choses suivent leur cours au mieux mais il dépend d’une administration réputée pour sa lenteur.
- Aurore, je le sais bien ! Je ne suis pas idiote mais ce n’est pas une raison pour se résigner à cet état de fait.
- Pour une fois oublie ton côté Don Quichotte ! La vraie question que je me pose, cela ne va pas te faire plaisir, c’est, as-tu réellement besoin de ce projet ?
- Franchement, je n’en suis pas complètement convaincue mais une entreprise ne peut pas dormir sur ses lauriers. Elle doit se remettre en cause régulièrement et toujours se développer…
- Tes affaires sont, quoi que tu en penses, très florissantes. Sylvie, apprend s’il te plaît à prendre ton temps !
La vie suit son cours jusqu’à ce qu’une lettre parvienne du ministère de l’Éducation Nationale. Elle est adressée au proviseur de l’IHI de Vitry et en copie à l’entreprise de Sylvie.
Par manque d’informations budgétaires précises sur l’entreprise florale, le Ministre a décidé de clôturer le dossier des stages en cette entreprise. Le projet ne peut donc voir le jour…
Sylvie rage contre elle-même. Comment a-t-elle pu oublier de transmettre le bilan et les perspectives de son exploitation ? Le ministère aurait tout de même pu insister pour obtenir ce document...
Au grand dépit du proviseur et selon les échos qu’il tient de source autorisée, même si la projection financière arrive encore en urgence au cabinet du Ministre, la décision est irrévocable...
Le lendemain de la réception de la lettre, Sylvie organise un dîner à la maison avec la présence d’Aurore. En attendant l’arrivée de celle-ci, Sylvie, l’œil rivé sur son petit miroir, recherche les traces qu’ont laissées ses larmes de la journée. Un peu d’anti-cernes et il y paraîtra moins sans pour autant que ses proches ne soient dupes…
Tout au long du repas, avec le mari de Sylvie et son fils, Aurore s’évertue à dérider l’atmosphère qui tarde à se détendre. Julien qui n’a plus besoin d’attelle, assomme l’ambiance à coups de jeux de mots on ne peut plus abscons. Son père et leur invitée se regardent atterrés et se forcent à sourire en coin. Sylvie, elle, reste indifférente à ces échanges douteux. Elle semble sur une autre planète…
De guerre lasse, le père impose le silence à son fils qui grommelle :
- Bof ! Je croyais bien faire...
Le repas s’est terminé dans une ambiance quelque peu morose. Julien a quitté la table et s’est réfugié dans sa chambre. Sylvie, son mari et Aurore sont retournés au salon où la bonne a servi le café et sorti les liqueurs pour ces dames et le pousse café pour Monsieur…
Le mari qui a tenté vaille que vaille tout au long de la soirée de consoler son épouse, oriente maintenant Aurore vers ses rêves de vacances. Celle-ci renchérit :
- Pourquoi ne partirions-nous pas quelques jours vers les Maldives ? Qu’en penses-tu, Sylvie ?
- Ah, ça c’est une merveilleuse idée, merci Aurore !
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