Couleur : gris
Consigne : personnage ayant du pouvoir pour contrecarrer les projets de Sylvie.
- Alors Julien, que penses-tu de ton boulot dans les serres ?
- Très chouette ! Je te remercie. J’apprends beaucoup de choses. L’équipe et le chef sont formidables.
- Je suis contente que ce stage un peu forcé te plaise.
- J’ai été surpris par les qualités pédagogiques de presque tout ton personnel.
- Que veux-tu dire ?
- Qu’ils ont l’art de partager clairement et volontiers leurs connaissances !
- Je sais que j’ai une bonne équipe mais je ne savais pas à quel point…
- C’est dommage de ne pas en faire profiter plus de gens…
De retour au bureau, Sylvie réfléchit à la conversation qu’elle vient d’avoir avec son fils. En faire profiter plus de gens, l’idée n’est pas mauvaise à condition que cela ne perturbe pas la production habituelle. Engager des stagiaires ? C’est augmenter encore les frais généraux ! La formation de ces stagiaires ne doit pas obérer l’entreprise… Comment faire, quelle solution trouver ? Oh, je vais parler de l’idée de Julien au proviseur de l’Institut d’Horticulture d’Ivry la prochaine fois qu’il viendra chercher son bouquet hebdomadaire. Ces stages en conditions réelles seraient une bonne expérience pour ses élèves, incontestablement un plus…
- J’ai rencontré au golf le proviseur de l’IHI. Il m’a parlé avec beaucoup d’enthousiasme de ton projet.
- Oh mon chéri, c’est vrai ?
- Sylvie, Sylvie ! Ne t’emballe pas trop vite…
- Je vais tout de suite voir avec le responsable des serres comment nous allons nous organiser…
- Sylvie ! Rien n’est fait ! Ce n’est pas si simple ! Le proviseur doit obtenir l’accord de sa commission pédagogique puis il doit encore soumettre le projet budgétisé au ministère de l’Éducation Nationale.
- Mais cela va prendre un temps fou !
- Sans compter que tes serristes n’ont pas une formation de pédagogues...
- Bref, c’est une utopie si je te comprends bien ?
- Je le crains mais tu peux toujours rêver…
- On va voir ce qu’on va voir !
Un soir, sa journée terminée, Julien traverse le bureau de Sylvie et aperçoit sur la table Knoll le petit miroir clinquant de sa mère dont elle a souvent parlé...
- Il est vrai que tu es beau, s’exclame-t-il en l’apercevant ! J’ai même entendu dire que tu étais parfois de bon conseil. Qu’en penses-tu toi qui est toujours le reflet de ses innombrables intentions ? Avec le pouvoir magique qu’elle t’attribue, tu pourrais peut-être m’éclairer. Je sais qu’une partie de cette nouvelle lubie vient de moi, mais toi, son beau miroir qu’elle apprécie tant, comment pourrions-nous la freiner un peu dans son élan ? Qu’elle revienne les pieds sur terre, voilà ce qui amènerait un peu plus de quiétude dans la maisonnée...
Un dimanche midi, quelques semaines plus tard, le traditionnel poulet-compote-frites a fait son office et la bonne achève de desservir la table avant de revenir avec la toute aussi traditionnelle salade de fruits dominicale…
Après s’être échangés les nouvelles de la semaine, l’heure du café voit aborder le sujet brûlant qui préoccupe la petite famille…
Le père ouvre le débat :
- J’ai revu le proviseur au Club…
- Alors ? Il me semble que ce fonctionnaire n’avance pas vite dans ses démarches !
- Sylvie, les administrations de l’État ont leur rythme propre, c’est inéluctable. Crois-en mon expérience !
- Maman quand elle souhaite quelque chose, elle l’exige tout de suite !
- Julien occupe-toi de ce qui te regarde !
- Ton fils a vingt ans. Ce qui nous regarde le regarde également…
- La solidarité des hommes ! Mon entreprise ne concerne que moi ! Tu as encore quelque chose à ajouter, Julien ?
- Non ! Mais puisque rien ne me regarde, puis-je quitter la table ?
- Julien, tu restes assis ! Ici personne ne dicte sa loi. Nous sommes trois et avons tous le même droit à la parole…
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