jeudi 23 janvier 2025

Texte 3


Couleur : bleu

Consigne : action visant à faire pression sur quelqu’un


Sylvie se sent oppressée par tous les conseils qu’on désire absolument lui imposer.

Sa volonté d’indépendance s’en trouve malmenée. Seuls les conseils de son mari pourraient être pris en considération mais ils ont convenu de ne jamais ramener au foyer les problèmes qu’ils rencontrent professionnellement et donc de ne pas intervenir dans leurs affaires respectives. Cette manière de fonctionner a permis au couple de traverser sans encombres majeurs et même avec bonheur les années de leur union.


De son côté Julien poursuit avec assiduité sa rééducation. Il rembourse peu à peu à ses parents le montant important des frais et amendes causé par son accident sur la voie publique, montant qu’ils ont payé pour lui. Immobilisé pendant longtemps, il a mis ce temps à profit pour vendre sa collection de motos et de mobylettes, du moins celles qui étaient encore en état de marche. Pour l’aider financièrement à rembourser sa dette, Sylvie l’a engagé dans ses serres pour de menus travaux en adéquation avec son handicap temporaire.

Par ailleurs, il a tissé une relation amicale avec le kiné qui l’a suivi pendant sa convalescence. Grâce à celui-ci Julien s’est mis au sport. C’est trois fois par semaine que, en boitillant, il se rend à pied à la piscine municipale de Vitry. Loin de l’abrutissement des jeux vidéos, il découvre, sous une fresque célèbre et monumentale de couleur turquoise, le plaisir sain de la nage thérapeutique en compagnie d’autres fracassés de la route.

Sylvie et son mari se réjouissent de cette initiative qui sociabilise enfin leur fils. Malgré quelques séquelles qui mettront encore beaucoup de temps à se résorber, Julien s’épanouit et s’ouvre sur une réalité plus concrète que le monde virtuel dans lequel il se complaisait jusqu’alors...


La décision est vite prise, elle va annoncer à la cliente Julie qui voudrait tant devenir son amie, qu’elle souhaite vivement remettre leur projet à une date ultérieure…

Le ciel est clair et le temps clément. Sylvie bien remontée par sa confidente Ambre a décidé que l’heure était venue de la franche explication avec Julie. L’entrevue aura lieu au Palais des Saveurs, le salon de thé huppé de la ville. Ambre assistera de loin, discrètement attablée derrière une colonne, à la discussion pour soutenir Sylvie du regard...

A leur grande surprise, l’entretien se déroule tout autrement qu’elles ne l’avaient craint. Au lieu de s’offusquer et de tempêter, Julie semble ravie par la nouvelle, soulagée même. C’est que cette dernière est déjà partie sur une autre idée qui la transporte avec plus d’enthousiasme car son nouveau projet implique la femme du maire et d’autres édiles plus importants qu’une fleuriste renommée...


Julie disparue, Ambre rejoint Sylvie à sa table pour fêter le déroulement inespéré de la mise au point. Sylvie plonge dans son sac en riant et en retire son petit miroir porte-bonheur… Elle se regarde brièvement dans le petit miroir fétiche avant de le ranger à sa place dans son sac.

- Et on dira encore que j’ai les yeux plus grands que le ventre !

- Tu t’en es bien tirée. Bravo, tu as été formidable, dit Ambre.

- Je ne la sentais pas cette affaire même si, au fond, l’idée n’est pas mauvaise…

- Tu en trouveras bien une autre pour promotionner tes bouquets.

- Sinon j’abandonne les deux boutiques de fleurs et je me consacre exclusivement aux serres et aux plantes vertes…

- Quoi ? Que dis-tu ? Ce serait de la folie pure !

- Je plaisante bien évidemment ! Je n’ai pas développé cette entreprise pour la saborder maintenant !

- Tu ne trouves pas que l’occasion est venue pour célébrer plus dignement ce qui vient de se passer en faisant une petite virée dans nos boutiques préférées de Paris ?

- Oh oui ! J’ai bien besoin de décompresser…

- D’ailleurs, j’ai repéré une petite veste qui t’irait à merveille !

- Mon mari va encore me houspiller !

*

668 mots.

jeudi 2 janvier 2025

Texte 2

 Couleur : vert

Consigne : une personne conseillère


Le support moral fut donc d’un grand secours et Julien a pu retrouver temporairement un semblant de vie familiale traditionnelle malgré ses difficultés financières car, indépendamment de ses frais médicaux personnels, Julien, majeur mais en défaut de contrat d’assurance, a été condamné notamment aux importants dépens de l’accident !

Ceux-ci ont été avancés par son père et Julien s’est vu imposé un sévère plan de remboursement mensuel...

L’attitude promise par les parents fut tenue quelques mois, le temps de la guérison et du rétablissement presque complet de Julien. Sylvie et son conjoint n’ont pu s’empêcher de se laisser à nouveau submerger par leurs affaires et de renvoyer Julien à ses jeux vidéos…


L’arrivée des fêtes est généralement une bonne période pour l’entreprise qui continue à prendre de l’ampleur tous les ans. Une importante quantité de « Roses de Noël » et de couronnes de sapin tressé viennent d’arriver. Ces articles sont fort demandés et se vendent rapidement contrairement aux montages floraux qu’elle a commandé à un styliste chaudement recommandé par celle qui prend depuis quelque temps de plus en plus d’importance dans sa vie, sa première cliente, Julie.


Sylvie rêve à l’avenir. Les montages floraux devraient susciter plus d’intérêt mais comment les promouvoir ? Les mettre en vitrine chez des commerçants de luxe comme des parfumeries, des bijouteries ou des boutiques de haute couture ? Pour ce faire doit-elle engager, même temporairement, une attachée de presse ou mieux une chargée des relations publiques ? Financièrement la société en a largement les moyens…

Julie s’est proposée de la soutenir dans certaines démarches en se servant de son agenda huppé. Sylvie ravie de cette proposition n’en reste pas moins un peu méfiante et se demande quelle en sera la contrepartie...

- J’ai un peu peur de foncer tout de suite…

- Oh ma chérie ! Il faut sauter sur l’occasion immédiatement ! Tu l’as dit toi-même, les fêtes approchent. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud !

- Je ne sais pas si on peut se lancer dans cette aventure sans faire une étude de marché.

- Tu te rends compte ? Le nom de ton entreprise et de tes magasins dans les plus grandes maisons à la mode de Vitry ou même de Paris pourquoi pas !

- N’allons pas trop vite, les trois ou quatre plus importantes maisons de Vitry me suffiraient pour l’instant. Je ne suis pas sûre que d’exposer mes bouquets chez des commerçants amènerait leurs clients à venir jusque chez moi…


Une fois seule, Sylvie téléphone à son amie Aurore pour savoir ce qu’elle pense du projet imaginé par Julie.

- Ta copine Julie voit grand, trop grand ! Elle affabule, c’est dingue !

- Bien évidemment ! Mais à une échelle plus réduite, ça peut le faire, tu ne crois pas ?

- Peut-être, je ne sais pas. Il faut étudier la chose…

- C’est bien ce que je pense. Il faut tester et voir si c’est rentable.

- Enfin je te retrouve. Garde bien les pieds sur terre.


Pour la forme Sylvie fait part de son projet à son mari lors d’un dîner rituel. Entre deux bouchées et distraitement, il rétorque qu’elle seule sait et doit savoir comment gérer sa société…

- Merci pour cet avis éclairé ! Je devais me douter qu’il serait pour le moins si bien argumenté. Je pensais que pour une fois j’aurai pu compter sur ton expérience des affaires…

- Je te prie de m’excuser. Habituellement tu ne demande pas mon avis et de toute façon tu agiras selon ce que tu as probablement déjà décidé.

- Tu as raison ! Mais je crois que j’arrive, enfin la société arrive à un moment crucial. Les bénéfices de cette année, s’ils ne sont pas négligeables, sont cependant en régression de dix pour cent par rapport à mes prévisions de l’année.

- Ton bénéfice net est bien en progression sur celui de l’exercice passé ?

- Évidemment mais moins qu’espéré !

- Est-ce que tu n’aurais pas les yeux plus grands que le ventre ?


Sylvie ne peut s’empêcher de jeter un regard vers son miroir …


*

700 mots.

Texte final

  SYLVIE PARMI LES FLEURS Prologue Sylvie, jolie brunette de quarante-huit ans, s’adresse à son amie Aurore. - Ma chérie, tu sai...