Texte 1
- Quand vas-tu te débarrasser de cette vieillerie ?
- Cette vieillerie comme tu dis, m’a accompagnée toute ma vie ! Il n’est pas question que je m’en sépare…
- Ce sac à puces est pelé ! Il lui manque un œil et un bras tient encore à peine en place…
- Léo, c’est la centième fois qu’on en discute. Ce vieil ours est mon doudou et il restera là !
- Bon, je ne te demande pas de le jeter mais au moins cache-le dans une armoire. Ce truc miteux est ridicule sur ton canapé. Cet attachement est puéril et indigne de ton âge !
- Mon âge ? C’est aussi le tien et ta collection de petites voitures Dinky Toys n’est pas puérile, sans doute ?
Désireuse de ne pas envenimer la sempiternelle dispute, Cindy concède enfin à son compagnon de remiser l’ourson décati dans la vitrine du hall d’entrée qui contient sa première paire de chaussons de danse… Là, Nounours pourra prendre la poussière en toute quiétude et n’offusquera plus le regard d’esthète de Léo !
Mis à part cet objet de dissension, le couple qu’elle forme avec le meilleur ami de son frère aîné coule des jours heureux depuis leur première rencontre. Comme elle, Léo aime le basketball et la course à pied. Quand Cindy suit ses cours de piano, Léo se rend au gymnase pour lever de la fonte.
En fin de semaine, ils arpentent souvent le parcours qui traverse la forêt domaniale toute proche, l’occasion de prendre une grande bolée d’air frais teintée de chlorophylle.
- Allo ? Christelle, nous t’attendons au terrain de basket. Qu’est-ce que tu fiches ? Léo, je tombe sur son répondeur. Je suis inquiète, ce n’est pas dans ses habitudes de nous faire faux bond.
- C’est vrai qu’elle n’est jamais en retard. Le médecin qu’elle est a peut-être tout simplement eu un patient en dernière minute…
- Alors elle aurait fait part de cet imprévu…
Christelle ne s’est pas présentée au rendez-vous hebdomadaire de Bouranton et n’a donné aucune nouvelle. Au comble de l’inquiétude, Cindy prend sa voiture pour se rendre à l’adresse de son amie à Troyes. Au milieu du trajet, elle voit une voiture accidentée abandonnée sur le bas-côté de la route. Surprise, Cindy freine brutalement et se range derrière le véhicule atrocement cabossé. C’est la Mégane de Christelle ! Des traces de sang maculent le siège face au volant complètement déformé...
Paniquée, Cindy informe Léo et lui annonce qu’elle se rend au grand hôpital de Troyes. Alors qu’elle reprend la route, Léo contacte le Centre Hospitalier pour savoir si leur amie a bien été admise aux urgences.
Aucune victime ne correspond au signalement de Christelle et il n’y a eu aucune admission provenant de la départementale 186…
C’est complètement désemparé que Léo s’adresse à la gendarmerie locale avant même de prévenir Cindy de l’inutilité de sa destination. Par les gendarmes, il apprend que Christelle, très gravement blessée, a été transportée par hélicoptère au Centre Universitaire Robert Debré de Reims ...
Après avoir subi plusieurs interventions, Christelle poursuit une lente revalidation dans un institut de Troyes. Elle y reçoit régulièrement la visite encourageante de ses amis. Cindy et Léo ont repris leur train-train habituel. Celle-ci espère maintenant avec impatience la confirmation de son affectation à la nouvelle école municipale où elle sera en charge de gosses de trois à cinq ans. Dans l’attente de sa prise de fonction, elle se met à créer pour ses futures pupilles un herbier avec les plantes les plus courantes de la région de Bouranton. Son compagnon qui travaille à domicile l’aide à dégoter les exemplaires dont elle a besoin, grâce aux connaissances que son père agriculteur lui a inculqué. D’autre part son métier de graphiste sur ordinateur lui permet de faire une mise en page des plus agréables de l’ouvrage en cours de réalisation. Ce travail en commun les rapproche plus encore si besoin est...
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